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1613. janvier.

tement d’estre mal content. Je luy ouïs dire une chose a la reine, que je trouvay estrange, sur ce que ces ministres l’estoint venus trouver : qu’elle avoit mal gardé la foy qu’elle avoit donnée a Mr le Prince, d’avoir rappellé les ministres sans son sceu. La reine luy dit que c’estoint eux quy avoint demandé de parler a elle. Il luy repartit : « Ils meritoint d’estre tous trois envoyés a la Bastille, d’avoir osé venir par monopole, en corps, trouver Vostre Majesté sans avoir esté mandés d’elle. »

A peu de jours de là, le jeune baron de Lus fit appeller Mr le chevalier de Guyse, quy le tua[1]. Je vis encore une chose bien estrange des changements de la court, que Mr le chevalier de Guyse, quy, pour avoir tué le pere, la reine commanda au parlement d’en connestre, d’en informer, et de luy faire et parfaire son proces ; a moins de vingt jours de la, apres avoir de surcroit tué encores le fils du dit baron de Lus, la reine l’envoya visiter, et savoir comme il se portoit de ses blesseures, apres qu’il fut de retour de ce dernier combat.

Il faisoit lors pour moy fort beau a la court, et y passois bien mon temps. La reine jouoit devant souper dans l’entreciel (quy est un petit cabinet au dessus du sien) ; puis nous allions a la comedie, ou une beauté

  1. Claude de Malain, baron de Lux, fils d’Edme de Malain, baron de Lux, et d’Angélique de Malain-Misery. Il envoya son cartel au chevalier de Guise le matin du 31 janvier, et le combat eut lieu sur le champ. Le chevalier fut blessé à la première passe. — Voir sur ce combat le Mercure françois, t. III, p. 48 ; les Memorie recondite de Vittorio Siri, t. III, p. 24 ; etc.