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1613. janvier.

a tous, il mordit a la grappe, et receut cette affaire en rendant graces a Dieu, et la creut aussytost, parce, me dit-il, que Mr de Boullon avoit mandé le matin mesme a Mr de Villeroy que la reine alloit donner le Chasteau-Trompette a Mr le Prince, et qu’il luy conseilloit d’animer Sa Majesté a le faire de bonne grace, affin que Mr le Prince luy en sceut gré a luy.

Il me dit qu’il voyoit une difficulté entre eux, quy estoit la mauvaise intelligence de monsieur le chancelier et de Mr de Villeroy depuis quelques jours en ça. Je luy dis que cette affaire luy appartenoit, et que, comme leur amy commun, il luy seroit aysé de raccommoder deux hommes[1], en un temps ou le bien de leur fortune despendoit de leur union. Nous resolumes en fin tous deux d’aller trouver a l’heure mesme Mr de Villeroy, bien qu’il fut plus de neuf heures du soir ; quy nous dit d’abord qu’il y avoit longtemps qu’il m’attendoit, et que monsieur le chancelier luy avoit envoyé le chevalier son frere quy luy avoit dit que je le devois voir, comme aussy les bonnes nouvelles que la reine luy avoit mandées. Il me dit aussy qu’il seroit a propos que je renvoyasse mon carrosse et mes gens, ce que j’avois desja fait. Il estoit plus de minuit quand nous nous separames. Il laissa la carte blanche a Mr le president Jannin pour l’accommoder avec monsieur le chancelier, quy en avoit desja fait les avances par l’envoi de son frere vers luy.

Ils me prierent d’asseurer la reine que, comme ils

  1. Les précédentes éditions portaient : un homme.