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1613. janvier.

ment a son service ; oubliant toutes les frasques passées, il me dit une chose que j’ay depuis retenue : qu’aux grandes affaires, et de consequences comme celle-la, il ne falloit point s’amuser a chicaner, mais se porter franchement et noblement a ce que l’on se vouloit resoudre ; et que je pouvois asseurer la reine de son tres humble et fidelle service sans interest, party, ny capitulation, et que quand elle luy voudroit donner une heure pour le voir, qu’il luy en donneroit de plus particulieres asseurances. En mesme temps il receut une lettre de la reine Marguerite, quy l’exhortoit a ce dont il se venoit de resoudre. Nous convinmes aussy que je ne l’accompagnerois point a aller trouver la reine, et que je ne le viendrois plus voir, de peur de descouvrir l’affaire, et tombasmes d’accord que Mr Zammet feroit les allées et venues.

Je m’en revins au Louvre avec cet heureux commencement, et entray dans le petit cabinet, disant a Selvage[1] qu’elle fit sçavoir a la reine que j’y estois. Elle ne tarda gueres a venir, et fut ravie d’entendre que je luy apportois desja asseurance de Mr d’Espernon et bonnes esperances de Mr de Guyse. Elle me demanda lors ce que j’avois fait avec Mrs de Villeroy et president Jannin ; je luy dis qu’il me sembloit n’avoir pas mal travaillé en cette journée que j’avois passée sans manger : elle me pria d’y aller promptement, ce que je luy dis que je ferois apres que j’aurois veu madame de Guyse (quy, en sortant d’aupres d’elle, m’estoit allée attendre cheux madame la princesse de

  1. Femme de chambre de la reine.