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journal de ma vie

sœur ; que leur estant allié en quelque sorte[1], il y prenoit interest, et ayant envoyé querir madame d’Antragues, luy en parla en la mesme façon.

Or quand, l’esté précédent, madame d’Antragues s’advisa de la grossesse de sa fille, elle la chassa de son logis ; et elle, m’ayant fait prier de luy donner une promesse de mariage pour appaiser sa mere, elle m’offrit toutes les contre-promesses que je desirerois d’elle, et que ce qu’elle en desiroit estoit pour pouvoir accoucher en paix et avesques son aide. Je fus consulter Mrs Chauvelin, Boutheillier, et Arnaut, fameux avocats[2], lesquels me dirent qu’une obligation quy avoit une quittance estoit de nul effet ; que neammoins c’estoit toujours le meilleur de n’en point faire : mais comme je desirois de luy complaire, je [la] luy donnay ; et elle a moy, diverses lettres par lesquelles elle la desclaroit nulle. Mais la mere quy avoit veu la pro-

  1. Par sa mère, Françoise d’Orléans-Rothelin, le comte de Soissons était petit-fils de Jacqueline de Rohan-Gyé, laquelle était tante d’une autre Jacqueline de Rohan, première femme de François de Balsac, seigneur d’Entragues ; les deux fils nés de ce mariage, Charles et César de Balsac, étaient donc ses cousins issus de germain.
  2. On lisait dans les anciennes éditions : Mr Chambellu, Boutillier, et Arnaud Faudrax, advocats.
    Jacques Chauvelin et Claude Bouthillier furent reçus conseillers au parlement en 1613. — Antoine Arnauld, fils d’Antoine de la Mothe-Arnauld, et d’Anne Forget, sa seconde femme, fut le père d’Arnauld d’Andilly. Il mourut en 1619. C’est à son sujet que le maréchal de Bassompierre disait un jour : « On nous avoit mandé que le roi lui avoit donné les sceaux ; mais j’y trouvois une difficulté, c’est qu’il en est capable. » (Mémoires d’Arnauld d’Andilly.)