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journal de ma vie

rences des affaires de Cleves, duquel je ne peus tirer autre chose sinon qu’il conserveroit soigneusement la neutralité entre les deux couronnes, que Leurs deux Majestés luy avoint consentie et accordée.

Je n’eus pas une sy prompte expedition sur nostre affaire du mariage de madame sa fille avec monsieur le dauphin ; car au bout de dix-huit jours je le trouvay sans resolution, et sans response a me faire : et seulement, apres avoir souvent consulté avec le president Bouvet, il conclut qu’il me diroit, a la premiere audience qu’il me donneroit, que moy et les miens avoint toujours esté sy affectionnés a toute sa maison ; que mon frere, et moy, y ayans de grands biens et quelques parens ; estant aussy homme de bien et d’honneur comme il me connoissoit, il ne se sçauroit mieux addresser qu’a moy pour se conseiller, de la resolution qu’il devoit prendre, et de la response qu’il devoit faire au roy.

J’avoue que ce discours me surprit, que je trouvay captieux. En fin je luy respondis que : « Sy, des le commencement de ce pourparler, je n’eusse pris le personnage de commissaire du roy, j’eusse de bon cœur accepté celuy de conseiller de Son Altesse, et m’en fusse acquitté, sinon avesques suffisance, au moins avesques candeur et probité ; que maintenant je n’estois plus libre d’accepter aucune condition, puis que j’en avois desja une establie ; mais que je pouvois bien luy dire toutes les responses qu’il pouvoit faire, et luy laisser, puis apres, le choix de celle qu’il jugeroit la plus convenable. »

« Qu’en la proposition que je luy avois faitte, il y avoit cinq sortes de personnes sur lesquelles il devoit