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journal de ma vie

mille. Le lendemain le marchand vint ; je luy donnay ses quattre mille escus d’erres : j’en donnay aussy au brodeur, et poursuyvis, du gain que je fis au jeu, non seulement d’achever de payer l’habillement et une espée de diamants de cinq mille deux cens escus, que j’eus encores cinq ou six mille escus de reste pour passer mon temps.

Nous allames avec le roy a Villiers Cotterets pour recevoir Mr de Lorraine et madame de Mantoue quy y arriverent. En ce voyage le roy, estant a la chasse, se destourna pour aller voir madame des Essars[1], quy estoit cheux sa tante l’abbesse de Sainte-Perrinne ; quy parut, a l’arrivée du roy, plus belle qu’elle n’a jammais esté depuis, quoy que sa beauté ait longuement duré.

Aust. — Le roy ramena ses compere et commere a Paris, ou on leur fit partout des magnifiques festins. Mais la peste croissant a Paris, on changea le lieu du baptesme, quy se devoit faire a Paris, en Fontainebleau (septembre), ou il se fit avesques grande magnificence le 14e septembre. Je servis, au festin royal, madame de Mantoue, avesques Mrs de Crequy et de Termes. Le soir je menay, au grand bal, Mlle de Montmorency[2] ; et le roy nous donna le rang de

  1. Charlotte des Essars, appelée comtesse de Romorantin, fille de François des Essars, seigneur de Sautour, et de Charlotte de Harlay, fut une des maîtresses de Henri IV, dont elle eut deux filles. Elle épousa le 4 novembre 1630 François de l’Hôpital, seigneur du Hallier, depuis maréchal de l’Hôpital, et mourut le 8 juillet 1651.
  2. Charlotte Marguerite de Montmorency, fille de Henri de Montmorency, duc de Montmorency, connétable de France, et de