Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
journal de ma vie.

de peu ; mais elle estoit sy jolie que je l’ay regrettée, et eusse désiré pour beaucoup de la pouvoir revoir.

J’arrivay en poste a Nancy deux heures apres que mon esquipage y fut venu, et ne trouvay aucun des princes, ny gueres de gentilshommes, parce qu’ils s’en estoint tous allés recevoir madame de Mantoue et sa fille a Blamont ou ils devoint le lendemain arriver. Ma mere estoit a Nancy, quy me presta son carrosse pour envoyer en relais a Luneville ; et je me servis du mien le lendemain jusques a ce que j’eusse trouvé le sien, quy me mena a Blamont, la ou je vis les princes et princesses de Lorraine et de Mantoue : et apres avoir fait mes premiers compliments, je m’en revins les attendre a Nancy, ou je fus traitté, logé, et deffrayé, fort magnifiquement. Les noces se firent, ou j’assistay de la part du roy. On y dansa fort, et on fit un carrousel assés beau, auquel Mr de Vaudemont menoit une bande, et moy l’autre.

Apres les noces, je priay, au nom du roy, S. A. de Lorraine et madame de Mantoue de venir en France tenir sur les fonts les enfants du roy ; quy receurent cette grace de Sa Majesté avec le respect et l’honneur convenable.

Juillet. — Puis je m’en revins a Paris loger cheux le comte de Fiesque, bien en peine de n’avoir point d’habillement neuf pour le baptesme du roy, ayant mis tous ceux que j’avois aux noces de Lorraine. Mais comme ma sœur, madame de Verderonne[1], et la

  1. Louise Pot, fille de Guillaume Pot, seigneur de Rhodes, et de Jacqueline de la Châtre, était la seconde femme de Claude de l’Aubespine, seigneur de Verderonne.