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1605. février.

frere de Saint-Luc le fut appeller pour moy, quy se devoit battre contre Montespan[1]. Mr de Montpensier nous accorda, et fusmes toujours depuis extremement amis.

Le roy permit a Mrs de Nemours et de Sommerive de courir les rues masqués le mardy gras 20me fevrier[2]. Ils rencontrerent Mrs de Vittry, de Saint-Luc, comte de Sault, et moy, quy venions de nous preparer pour l’entrée d’un combat de barriere, et nous demanderent sy nous voulions estre de la partie ; dont les ayans remerciés, ils nous dirent : « Gardés vous donc de nous rencontrer, car nous n’espargnerons personne a coups de bourrelets. » Allors Vittry le pere respondit : « Messieurs, nous vous preparerons la collation au cimetiere Saint-Jean, sy vous la voulés venir prendre. » Et ainsy nous estans separés, nous nous resolumes de courre aussy les rues. Mais comme nous ne nous estions apprestés que tard, il y avoit apparence que leur trouppe eut esté plus forte que la nostre : sur quoy Mr de Vittry nous dit : « Sy vous me voulés croire, nous nous mettrons une dousaine de parents ensemble, armés de toutes pieces d’armes dorées, dont nous ne manquons pas, et mettrons huit ou dix hommes masqués devant nous, et aurons de bons bourrelets a l’arçon de la selle. Nous ne demanderons rien a personne ; mais sy l’on nous attaque, ou nos masqués, allors nous

  1. Antoine Arnaud de Pardaillan, marquis de Montespan, fils d’Hector de Pardaillan, seigneur de Montespan, et de Jeanne, dame d’Antin, mort le 28 mai 1624. Il avait épousé la sœur de M. de Termes.
  2. Le mardi-gras était le 22 février.