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1604. juillet.

dit qu’a mon retour il me contenteroit ; mon dit frere le pressa de telle sorte que le roy se facha, et mon frere ne parla pas au roy avesques le respect et la retenue qu’il devoit : ce quy fut cause que le roy luy parla fort aigrement ; et mon dit frere, le lendemain, prit congé de luy, et s’en alla en Flandres servir le roy d’Espaigne, auquel lieu il fut tres bien appointé, et eut commission de faire un regiment d’infanterie. Mais comme il ne devoit estre, en la place, montre qu’a la fin du mois de juillet, il s’en alla, en attendant, voir le marquis Spinola devant Ostende, ou il fut tué. Et comme je revins peu de temps avant sa mort en Lorraine, ou je levois cinq cens chevaux pour aller en Hongrie, et mon frere un regiment de gens de pié pour servir en Flandres, le roy creut que j’avois tout a fait quitté son service ; ce quy fut cause qu’il fit saisir par le president d’Enfreville et le baron de la Lutumiere le chasteau de Saint-Sauveur, et en chasser ceux quy estoint dedans de ma part. Mais ayant sceu que je m’en allois en Hongrie, et non en Flandres, et que mon frere estoit mort, il me fit escrire par Zammet qu’il s’estonnoit fort de ce que je voulois quitter son service sans sujet, et que il n’avoit encores fait executer l’arrest du conseil, sy bien oster des mains de mon frere, quy estoit espagnol, une place des siennes ; qu’il me tiendroit ce qu’il m’avoit promis, de me donner contentement, et qu’il me mettroit toujours en mon tort.

Juillet. — Je me creus obligé d’escrire a Sa Majesté une lettre de plainte, accompagnée de tant de respect, et de desplaisir, de ce qu’il me vouloit oster le moyen de pouvoir avec honneur demeurer a son service ; et d’escrire aussy à Zammet une plus ample lettre, ou je