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journal de ma vie

mille escus que mon pere fournit comptant ; et depuis, on supplea encores des autres vingt mille escus que l’on devoit employer de la dite donation de madame de Moreuil, et ce, par edit d’alienation verifiée aux parlements et chambres des comptes ou il appartenoit. Or dans le contract d’engagement il estoit porté que, sy les dittes terres n’avoint de revenu autant que montoit l’interest de nostre argent au denier vingt, quy estoit neuf mille livres par an, ce quy en manqueroit nous seroit payé sur la recepte generale de Caen. Il arriva que, apres la bataille de Moncontour, comme l’on licentia les reitres, on paya leurs descomptes au mieux que l’on peut ; et comme l’on n’avoit pas tout l’argent comptant qu’il falloit pour les payer, on convia feu mon pere, et Schomberg, de prendre des rentes sur l’hostel de ville de Paris, ou d’autres engagements, pour une partie de la somme quy leur estoit deue, et a leurs reitres, et l’autre partie comptant : et feu mon pere qui vit que les terres de Saint-Sauveur quy lui estoint desja engagées, valoint beaucoup plus que l’interest des premieres sommes pour lesquelles il les tenoit, offrit de prendre encor quarante mille escus sur les mesmes terres en engagement ; ce que les ministres de France accepterent avesques joye, et luy en donnerent les expeditions que luy mesme desira. Et comme il ne sçavoit point certaines lois de la France particulieres, il ne se soucia point de faire verifier aux chambres des comptes cette derniere partie, et jouit, pres de trente ans, des dites terres en cette façon[1].

  1. Voir à l’Appendice. X.