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notice historique

de remporter sur eux un avantage décisif. Bassompierre restait fidèle à la reine-mère, l’aidait à faire arrêter le prince de Condé, et repartait en 1617 pour aller combattre les princes révoltés. Mais bientôt la mort du maréchal d’Ancre venait changer la face des choses, et Bassompierre faisait ce qu’il avait loyalement annoncé à la reine lorsqu’il lui disait :

« Sy le roy s’en estoit un de ces jours allé à Saint-Germain et qu’il eut mandé à M. d’Espernon et à moy de l’y venir trouver, et qu’en suitte il nous eut dit que nous n’eussions plus à vous reconnestre, nous sommes vos très obligés serviteurs, mais nous ne pourrions faire autre chose que de venir prendre congé de vous et vous supplier très humblement de nous excuser sy nous ne vous avions aussy bien servie pendant vostre administration de l’estat comme nous y estions obligés. »

A la fin de 1619 il fut fait chevalier des ordres, et en 1620 il rassembla activement une armée pour combattre les mécontents groupés autour de la reine-mère, et conduisit cette armée aux Ponts-de-Cé où se termina encore un soulèvement sans consistance et sans racines.

Mais déjà le duc de Luynes sentait que sa faveur pouvait courir quelque danger : il crut voir un rival dans Bassompierre et lui fit accepter l’exil honorable d’une ambassade en Espagne. Là, Bassompierre négocia les affaires de la Valteline et des Grisons et fit le traité de Madrid, qui ne devait guère être exécuté. Revenu en France dans le cours de l’année 1621, il prit part à la guerre engagée contre les protestants, guerre sérieuse cette fois, et joua, comme maréchal de camp, un rôle actif dans le siège de Montauban, terminé par un échec pour l’armée royale.

Confident involontaire des chagrins du roi et de son irritation contre le connétable de Luynes, Bassompierre vit sans regret comme sans joie la mort de ce favori en décadence, mais il ne chercha point à le remplacer dans l’esprit