Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
106
journal de ma vie.

esquipage. Nous partismes donc ensemble ce jour la, et vinmes coucher a quattre lieues de Vienne, d’ou nous nous estions embarqués assés tard.

Le lendemain 22e nous vinmes coucher a Presbourg (autrement Possonia)[1], ville capitale de la Hongrie, que possede maintenant l’empereur. La nous trouvasmes le colonel Germanico Strasoldo[2], quy menoit trois mille Italiens a l’armée : son lieutenant colonel estoit Alessandro Rodolfi, et alloint quand et luy en ce voyage, volontaires, les seigneurs Mario et Pompeo Frangipani[3], le marquis Martinaingue[4], et le marquis Avogadro. Ils vindrent trouver Mr le prince de Jainville, et luy firent tous cinq la reverence avesques beaucoup d’offres d’amitié, et a moy aussy, disans que nous devions estre tres unis ensemble, puis que nous estions tous estrangers ; ce que nous leur promismes de nostre part.

Le 23e nous naviguasmes tout le jour, et sur le soir il nous prit envie de nous arrester au giste en une isle deserte, et y faire tendre nos tentes pour voir sy rien n’y manquoit : mais nous trouvasmes la nuit une telle

  1. Posony en hongrois, Posonium en latin.
  2. Le colonel Strasoldo fut tué à la fin de cette année devant Hatwan.
  3. Le marquis Pompeo Frangipani et son frère cadet Mario Frangipani étaient deux seigneurs d’une maison romaine, jadis célèbre dans le parti gibelin. Pompeo Frangipani devint le frère d’armes et l’un des plus chers amis de Bassompierre. Il mourut en 1638.
  4. Le marquis Martinengo était probablement frère du comte Martinengo qui avait été tué l’année précédente dans un combat devant Pesth.