Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 1.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
1603. septembre.

que la paix de France nous causoit, et bien que j’eusse esté a la conqueste du roy en la Savoye, et au siege d’Ostende, ils me pressoint continuellement de quitter la court de France, et me jetter dans les guerres de Hongrie, et pour cet effet me procurerent le regiment de trois mille hommes de pied que le cercle de Bavieres devoit fournir l’année 1603. Je refusay cette charge cette année la, n’estant pas a propos que, sans avoir aucune pratique ni connaissance du païs, j’y allasse de plain saut y commander trois mille hommes ; mais bien me resolus-je d’y aller volontaire, avesques le meilleur esquipage que je pourrois ; et pour cet effet, je m’apprestay le mieux qu’il me fut possible (aust) ; et ayant envoyé mon train m’attendre a Oulm pour y apprester un batteau de colonel, et se fournir de tout ce quy seroit necessaire, je partis le 16e d’aust de cette mesme année 1603, de Paris, et arrivay le 18e a Nancy, ou je demeuray jusques au 22e et ayant eu des carrosses de relais, je vins coucher a Salbourg. Le 23e, je vins disner a Saverne cheux Mr le doyen Frants de Creange[1], et coucher a Strasbourg. Je demeuray un jour pour faire changer en ducats l’argent que j’avois avesques moy, et dans un carrosse de louage j’en partis le 25e et arrivay le 28e a Oulm. J’y demeuray le 29e et vis l’arsenac de la ville, quy est bien beau, et m’embarquay le 30e sur le Danube, avesques tout mon esquipage, dans deux grands batteaux.

Septembre. — J’arrivay le troisieme jour d’apres,

  1. François de Créhange ou Crichingen, fils de Wierich, baron de Crichingen, et d’Antonia, fille de Thomas, rheingraf de la branche de Kyrburg, fut chanoine de Cologne et de Strasbourg.