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JOURNAL

nées ! Comme tout le monde est heureux de n’avoir pas parlé au Roi !

On se promène. La princesse Marguerite et Humbert sont arrivés. Doenhoff est là, en face de nos fenêtres, avec des messieurs du Roi.

(J’ai ôté les gants.)

Comme nous rentrions des courses, nous trouvâmes dans l’antichambre un monsieur. J’allais demander qui ? lorsque Rosalie accourut au-devant de moi et me prenant à part :

— Venez vite, seulement ne vous excitez pas.

— Qu’y a-t-il ?

— C’est l’aide de camp du Roi, qui vient pour la troisième fois déjà : il vient de la part du Roi faire des excuses.

J’étais devant l’homme et un instant après nous étions tous au salon. Il parlait italien, et j’ai parlé cette langue avec une facilité dont je suis étonnée.

— Mademoiselle, commença-t-il, je viens de la part du Roi qui m’envoie exprès, pour vous exprimer tout le regret qu’il a de ce qui a pu vous arriver de désagréable hier. Sa Majesté a su que vous aviez été… grondée par madame votre mère, qui a peut-être pensé que le Roi avait été contrarié. Il n’en est rien ; le Roi est ravi, enchanté ; il en a parlé tout le temps ; et le soir, il m’a appelé et m’a dit : Va et dis à cette demoiselle que je là remercie de l’acte de courtoisie qu’elle m’a fait ; dis-lui que sa gentillesse et son mouvement généreux m’ont très touché, que je la remercie, elle et toute sa famille. Loin d’être fâché, je suis enchanté, dis-le à sa maman, « sua mamma », dis