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JOURNAL

Jeudi 1er février. — Ces dames se disposaient à aller perdre agréablement quelques misérables centaines de francs à Monaco. Je les ai ramenées à la raison par un discours des plus amers, et nous sommes allées, moi et maman en panier, nous montrer au grand jour, puis chez la comtesse de Ballore qui est si aimable et que nous négligeons comme des mal élevées. Nous avons vu Diaz de Soria, le chanteur incomparable. Je l’invite, puisqu’il a fait une visite ; il m’a semblé voir un ami.

Je suis bien disposée pour aller dans l’avant-scène gauche du rez-de-chaussée au Théâtre-Français, où Agar de la Comédie-Française donne une représentation. J’ai entendu les Horaces. Le nom de Rome a vingt fois retenti à mes oreilles d’une façon superbe et sublime.

Rentrée, j’ai lu Tite-Live. Les héros, les plis des toges… le Capitole, lạ Coupole… le bal masqué, le Pincio !

Ô Rome !


Rome. Jeudi 8 février. — Je me suis endormie à Vintimille et je ne me suis réveillée qu’à Rome, moralement et physiquement. Malgré moi j’ai dû rester jusqu’au soir, car le train pour Naples part à dix heures seulement. Toute une journée à Rome !

heures vingt je quitte Rome, je m’endors et je suis à Naples. Je n’ai cependant pas assez bien dormi pour ne pas entendre un monsieur grincheux qui se plaignait au conducteur de la présence de Prater. Le galant conducteur a donné raison à notre chien.

Mais voici Naples. Êtes-vous comme moi ? À l’ap-