Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

chaperon. Aussi promet-il de venir à Rome comme nous le proposons.

Si je pouvais croire !


Vendredi 25 novembre. — Jusqu’au soir, tout s’est passé tant bien que mal, mais, tout d’un coup, on engage une conversation, fort sérieuse, fort modérée, fort honnête sur mon avenir. Maman s’est exprimée en termes convenables sous tous les rapports.

C’est alors qu’il fallait voir mon père ! Il baissait les yeux, il sifflait et quant à répondre, nenni.

Il y a un dialogue petit-russien qui caractérise la nation et qui pourra en même temps donner une idée de la manière de mon père.

Deux paysans :

Premier paysan. — Nous marchions ensemble sur le grand chemin ?

Deuxième paysan. — Oui, nous marchions.

Premier paysan. — Nous avons trouvé une pelisse ?

Deuxième paysan. — Nous l’avons trouvée.

Premier paysan. — Je te l’ai donnée ?

Deuxième paysan. — Tu me l’as donnée.

Premier paysan. — Tu l’as prise ?

Deuxième paysan. — Je l’ai prise.

Premier paysan. — Où est-elle ?

Deuxième paysan. — Quoi ?

Premier paysan. — La pelisse !

Deuxième paysan. — Quelle pelisse ?

Premier paysan. — Nous marchions sur le grand chemin ?

Deuxième paysan. — Oui.

Premier paysan. — Nous avons trouvé une pelisse ?

Deuxième paysan. — Nous l’avons trouvée.

Premier paysan. — Je te l’ai donnée.