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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

— Non, cousins.

— C’est la même chose.

— Oh ! non.

Alors, je me mis à taquiner mon amoureux. — Toujours celui que je ne cherche pas !

Je partis avec Paul, renvoyant Pacha à Gavronzi. À la gare nous vîmes le comte M… et ce fut lui qui me rendit les quelques petits services, là, et en wagon.

On me réveilla à la troisième station et j’ai passé devant le comte tout endormi pour l’entendre me dire :

— Je ne me suis pas endormi exprès pour vous voir passer.

On m’attendait à Tcherniakovka ; mais je me couchai de suite brisée, oh ! brisée !

Étienne et Alexandre avec leurs femmes et les enfants me vinrent trouver dans mon lit.

Je veux retourner auprès des miens ! Déjà ici, je me sens mieux. Là, je serai tranquille.

J’ai vu ma nourrice Marthe.


Mardi 24 octobre. — Je n’ai pas eu d’enfance, mais la maison où j’ai vécu toute petite m’est sympathique, sinon chère. Je connais tout le monde et toutes choses. Les serviteurs de pères en fils, vieillis à notre service, s’étonnent de me voir si grande et je jouirais de quelque doux souvenir si mon esprit n’était empoisonné les par préoccupations présentes.

On m’appelait Mouche, Mouka, et comme je ne pouvais aspirer l’h ! à la russe, je disais, comme les Français, Moucha, ce qui veut dire : martyrisation. Une lugubre coïncidence.

J’ai rêvé d’A… pour la première fois depuis Nice.

Dominica et sa fille arrivèrent le soir à la suite de mon billet de ce matin. On resta longtemps dans la