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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

se trouve pour la première fois, la chose pour laquelle on prie se réalisera.

En poursuivant mes visites aux curiosités, je suis allée voir le grand couvent de Poltava.

Il se trouve au sommet de la seconde colline. Poltava est située sur deux collines.

Il n’y a là de remarquable que l’iconostase en bois miraculeusement sculpté.

C’est là qu’est enterré mon aïeul, le père de grand-papa Babanine ; j’ai salué sa tombe.


Mardi 17 octobre. — Nous jouions au croquet.

— Pacha, que feriez-vous à la personne qui m’aurait offensée, cruellement offensée ?

— Je la tuerais, répondit-il simplement.

— Vous avez sur la langue de fort belles paroles !!! mais vous riez, Pacha.

— Et vous ?

On m’appelle le diable, l’ouragan, le démon, la tempête… Je suis tout cela depuis hier.

Je ne deviens un peu tranquille que pour émettre des opinions plus diverses les unes que les autres sur l’amour.

Mon cousin a des pensées idéalement vastes et Dante aurait pu lui emprunter son divin amour pour la Béatrix.

— Je serai sans doute amoureux, dit-il, mais je ne me marierai pas.

— Comment, homme vert, mais on rosse les gens pour de pareilles paroles !

— Parce que… continua-t-il, je voudrais que mon amour durât toujours, au moins dans l’imagination, conservant sa pureté divine et sa violence… Le mariage éteint l’amour, justement parce qu’il le donne.