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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Nous prîmes le thé ensemble et nous partîmes après. Mon père est appelé là-bas pour présider.

Il fait froid, il pleut de temps en temps. Je me suis promenée et puis on s’est rendu chez le photographe : j'ai posé en paysanne, debout, assise et couchée, endormie.

Nous avons rencontré G…

— Vous avez vu ma fille ? demanda mon père.

— Oui, monsieur, j’ai vu ce…

— On n’en fait pas de meilleure, n’est-ce pas ? et il n’y en a pas de meilleure et il n’y en a pas eu.

— Pardon, monsieur, il y en a eu du temps où existait l’Olympe.

— Ah ! monsieur G… vous êtes un faiseur de compliments, je le vois.

Le monsieur est assez laid, assez brun, assez convenable, assez du monde, assez aventurier, assez joueur et assez honnête homme. À Poltava, il est considéré comme le plus instruit et le plus comme il faut.

Le premier froid m’a forcée à mettre ma fourrure de cet hiver. Enfermée qu’elle était, elle a gardé l’odeur qu’elle avait à Rome, et cette odeur, cette fourrure !…

Avez-vous remarqué que pour être transporté à un endroit quelconque, il ne faut qu’un parfum, un air, une couleur ?… Passer l’hiver à Paris ?… Oh ! non !…


Jeudi 28 septembre. — Je pleure d’ennui, je veux partir, je suis malheureuse ici, je perds mon temps ma vie, je suis misérable, je moisis, je souffre, je suis agacée. Oh ! c’est bien le mot !