Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 1.pdf/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.
315
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Amalia qui hurle parce que Paul a ouvert la fenêtre qui donne sur la galerie et la regarde se baigner. Quel garçon ! Pacha et le prince dorment depuis longtemps.

J’ai à peine la place pour mon cahier, la table est encombrée de flacons, de fioles, de boîtes à poudre, de brosses, de sachets, etc., etc.

Enivrée par mon succès filial, je m’écrie en moi-même : Ceux qui ne m’aiment pas sont des brutes, et ceux qui m’aiment mal sont des infâmes !


Mardi 12 septembre (31 août). — Une journée à Poltava ! C’est merveilleux. Ne sachant que faire, mon père me mena à pied par la ville et nous avons eu la chance de voir la colonne de Pierre le Grand qui se trouve au milieu du jardin.

Lundi, à minuit, nous avons quitté Poltava et aujourd’hui mardi nous sommes à Kharkoff. Le voyage a été gai. Nous avons envahi un wagon.

On m’a réveillée près de Kharkoff par un bouquet du prince Michel.

Kharkoff est une grande ville, éclairée au gaz. L’hôtel où nous sommes se nomme le Grand Hôtel et justifie le nom. Tenue par Andrieux, la maison offre tous les conforts ; d’ailleurs, c’est ici que la jeunesse dorée soupe, déjeune, dîne, se grise, fraternisant avec l’aubergiste qui, en dépit de cela, ne s’oublie pas, ce qui m’étonne. De drôles de mœurs ici !

Je me suis fait coiffer par Louis, encore un écorcheur français.

Puis, du thé, du pain d’épice…

Ah ! oui, j’ai visité une ménagerie, ces pauvres bêtes encagées m’ont rendue triste.

J’ai vu mon oncle Nicolas, le cadet de la famille, qui