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JOURNAL

ne le pouvez-vous pas voir par ce qui l’entoure, par a qu’on lui dit ?…

— A… attendez. Ah ! dit-il, c’est que son image que je tiens ici est bien dépourvue de la vitalité, et vous vous agitez tant, que vous me fatiguez horriblement ; vos nerfs donnent des secousses aux miens ; soyez plus calme.

— Oui, mais vous dites des choses qui me font sauter. Voyons, le nom de ce cardinal ?

Et il se mit à se presser la tête, à flairer l’enveloppe (qui est grise et double, très épaisse).

— A… !

Je n’avais plus rien à ôter ; je me suis renversée dans mon fauteuil.

— Pense-t-il à moi ?

— Peu… et mal. Il est contre vous. Il y a je ne sais quel mécontentement… des motifs politiques…

— Des motifs politiques ?

— Oui.

— Mais il sera pape ?

— Je ne le sais pas. Le parti français va être détruit, c’est-à-dire que le papabile français a si peu de chance, oh ! mais il n’en a presque pas… que son parti va se réunir au parti Antonelli ou à l’autre Italien.

— Auquel des deux ? Lequel triomphera ?

— Je ne pourrai le dire que quand ils seront en train, mais beaucoup de monde est contre A…, c’est l’autre…

— Et ils seront bientôt en train ?

— On ne peut pas le savoir. Il y a le pape, on ne peut pas tuer le pape ! il faut que le pape vive…

— Et Antonelli vivra longtemps ?

Alexis secoua la tête.

— Il est donc bien malade ?