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JOURNAL

Après dîner, nous sommes restés longtemps sur le perron à jouir de la fraîcheur de l’air et de la vue des innombrables voyageurs qui passent et repassent par la cour.

Je dois étudier avec Wartel. Et Rome ?

On y songera…

Il est tard, je dirai cela demain.


Dimanche 16 juillet. — Quand je pense au bonheur de Mle K…, princesse de S…, tous les mauvais instincts se réveillent en moi, c’est-à-dire l’envie !

Cette fille, si misérable à Nice, si commune avec ses joues rouges et son gros nez moldave !

Elle est belle, mais c’est une beauté que je voudrais avoir pour femme suivante, habillée d’un costume bizarre, une femme pour me chausser et pour me rafraîchir avec un grand éventail. Et la voilà reine, et reine dans un moment de trouble, c’est-à-dire dans un moment inappréciable pour les ambitieuses. Certes, sa place est marquée dans l’histoire.

Et moi !!!


Mardi 18 juillet. — C’est aujourd’hui que j’ai vu des choses bien extraordinaires. Nous sommes allées chez le célèbre somnambule Alexis.

Il ne donne presque plus d’autres consultations que des consultations pour la santé.

On nous a fait entrer dans une chambre demi-éclairée, et comme Mme de M… avait dit : « Nous ne sommes pas pour la santé », le médecin sortit, nous laissant seules avec l’homme endormi.

Un homme, cela m’a rendue incrédule et surtout l’absence de tout charlatanisme extérieur.