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JOURNAL

de considération pour moi, et je n’aurais ni dépit, ni larmes.

(Que je m’aime de parler ainsi ! que je suis gentille ! Paris, 1877.)

Il faut toujours se tenir à ce principe ; je m’en suis écartée, j’ai fait une folie provenant de l’attrait de la nouveauté et de la facilité qu’a mon esprit à s’exalter, et de mon peu d’expérience.

Oh ! comme je viens de bien tout comprendre !

Ah ! mes bons amis, que voulez-vous ? on est jeune, on fait des fautes. A… m’a enseigné la conduite avec les prétendants.

Vivre cent ans, apprendre cent ans !

Oh ! comme je vois clair, comme je suis calme et comme je n’éprouve aucun amour !

Je vais sortir tous les jours, être gaie, espérer.

Ah ! son felice,
Ah ! son rapita !

Je chante Mignon et mon cœur est si plein !

Que la lune est belle, reflétée dans la mer ! Que Nice est adorable !

J’aime tout le monde ! Toutes les figures passent devant moi aimables et souriantes.

C’est fini ! Je disais bien que cela ne pouvait durer. Je veux vivre tranquille ! J’irai en Russie ! ce qui améliorera notre situation ; j’amènerai mon père à Rome.


Lundi 12 juin.Mardi 13 juin. — Moi qui voulais vivre sept existences à la fois, je n’en ai pas un quart. Je suis enchaînée.

Dieu aura pitié de moi, mais je me sens faible et il me semble que je vais mourir.

C’est comme je le dis. Ou je veux avoir tout ce que