mon cabinet de toilette, je me suis superstitieusement effrayée. J’ai vu à côté de moi une femme vêtue d’une longue robe blanche, une lumière à la main, et regardant, la tête un peu inclinée et plaintive comme ces fantômes des légendes allemandes. Rassurez-vous, ce n’était que moi réfléchie dans une glace.
Oh ! j’ai peur, j’ai peur qu’un mal physique ne procède de toutes ces tortures morales.
Pourquoi tout se tourne-t-il contre moi ?
Pardonnez-moi de pleurer, o mon Dieu ! Il y a des gens plus malheureux que moi, il y a des gens qui manquent de pain, tandis que moi, je dors dans mon lit de dentelles ; il y a des gens qui déchirent leurs pieds sur les pierres des pavés, tandis que moi je marche sur des tapis ; qui n’ont que le ciel pour couvert, tandis que moi, j’ai au-dessus de ma tête un plafond de satin bleu. C’est peut-être pour mes larmes que vous me punissez, mon Dieu : faites donc que je ne pleure plus !
À tout ce que je souffrais déjà vient se joindre une honte personnelle, une honte pour mon âme.
« Le comte A… l’a demandée en mariage, mais on s’y est opposé ; il a changé d’idée et s’est retiré. »
Voyez comme les bons élans sont récompensés !
Oh ! si vous saviez quels sentiments de désespoir s’emparent de mon être, quelle indicible tristesse, quand je regarde autour de moi ! Tout ce que je touche s’évanouit, s’écroule.
Et de nouveau l’imagination travaille, et de nouveau il me semble entendre prononcer : « Le comte A… l’a demandée en mariage, » etc., etc.
Dimanche 4 juin. — Quand Jésus guérit le lunatique, ses disciples lui demandèrent pourquoi ceux