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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Dieu tient-il compte de l’intention ?

Ah ! mais j’ai là le Nouveau Testament. Lisons. — Ne trouvant pas le livre saint, je lis Dumas. Ce n’est pas la même chose.

Ma tante est rentrée à quatre heures, et au bout de vingt-cinq minutes, je l’avais adroitement excitée à aller voir l’église Santa Maria Maggiore. Il est quatre heures et demie. J’ai mal fait, il fallait la renvoyer à cinq heures ; car je crains bien qu’elle ne rentre encore trop tôt.

Quand on annonça le comte A…, j’étais, encore seule, car ma tante avait eu l’idée de visiter le Panthéon, outre Santa Maria Maggiore. Mon cœur battait si fort que je craignais qu’on ne l’entendit, comme on dit dans les romans.

Il s’assit près de moi et commença à me prendre la main, que je retirai aussitôt.

Alors il me dit qu’il m’aimait. Je le repoussai en souriant poliment.

— Ma tante va rentrer tout à l’heure, dis-je, prenez patience.

— J’ai tant de choses à vous dire !

— Vraiment.

— Mais votre tante va rentrer.

— Alors, dépêchez-vous.

— Ce sont des choses sérieuses.

— Voyons.

— D’abord vous avez mal fait d’écrire de moi toutes ces choses,

— Ne parlons pas de cela, monsieur ; je vous préviens que je suis très nerveuse, vous ferez donc bien de parler simplement ou de ne rien dire.

— Écoutez, j’ai parlé à ma mère, et ma mère a parlé à mon père.