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JOURNAL

ports, d’autant plus que les deux familles se verraient rarement ou pas du tout.

— Pierre A… est un charmant jeune homme et qui sera très riche, mais le pape se mêle de toutes les affaires des A… et le pape fera des difficultés.

Mais, monsieur, pourquoi dites-vous tout cela ? il n’est pas question de mariage. J’aime ce jeune homme comme un enfant, mais pas comme un gendre futur.

Voilà à peu près tout ce que j’ai obtenu de la mémoire de madame ma mère.

Il serait très raisonnable de partir, d’autant plus que rien ne sera perdu à être remis à l’hiver prochain.

Il faut partir dès demain ; je vais m’y préparer, c’est-à-dire, aller voir les merveilles romaines que je n’ai pas encore vues.

Oui, mais ce qui me chiffonne, c’est que l’opposition ne vient pas de notre côté, mais bien du côté des A… C’est laid et ma fierté se révolte.

Quittons Rome.

Il n’est pas très agréable, en vérité, qu’on fasse difficulté de vouloir de moi, quand moi-même je ne veux pas d’eux. Rome est une ville si cancanière que tout le monde parle de cela et je suis la dernière à m’en apercevoir. C’est toujours comme cela.

Je me mets sans doute en fureur à l’idée qu’on veut me reprendre Pietro, mais je vois plus pour moi et j’aspire a plus de grandeur, Dieu merci ! Si A… était conforme au programme, je ne me fâcherais pas ; mais un homme que j’ai refusé dans mon esprit comme insuffisant ! — et on ose dire que le pape ne permettra pas !

Je suis furieuse, mais attendez un moment.

Le soir arrive et, avec le soir, Pietro A…

Nous le recevons assez froidement à la suite des pa-