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VIII


LES LIGUEURS.


( Dialecte de Cornouaille. )


Vers l'heure où le soleil se couche, un bruit s’entendit hier, le bruit d’une barque descendant la rivière, et un cliquetis d’armures, et des fanfares de clairons, et un roulement de tambours tel, que les rochers en résonnaient au sommet des montagnes.

Et moi d’aller voir ; mais je ne vis rien que Marguerite la Grue, pêchant, immobile sur une patte :

— Marguerite, Margot, qui voles haut et loin, qu’est-il donc arrivé de nouveau en basse Bretagne ?

— Il n’est rien arrivé de nouveau en basse Bretagne, excepté la guerre et le trouble aux trois coins du pays ; tous les Bretons se sont levés, paysans et gentilshommes ; et la guerre n’aura point de fin si le ciel ne vient en aide aux hommes. —

On les vit rassemblés pour aller combattre aux frontières de Bretagne, le jeudi de Pâques, au lever de l’aurore, sur le tertre de Kergrist-Moélan, chacun une arquebuse sur l’épaule, chacun un plumet rouge au chef, chacun une épée au côté, le drapeau de la foi en tête.

Avant de partir, ils entrèrent dans l’église pour prendre congé de saint Pierre et du seigneur Christ ; et, en sortant de l’église, ils s’agenouillèrent dans le cimetière : — Or çà ! haute Cornouaille, voilà vos soldats !

Voilà les soldats du pays, les soldats unis pour défendre la vraie foi contre les huguenots, pour défendre la basse Bretagne contre les Anglais et les Français et tous ceux qui ravagent noire patrie pire que l’incendie ! —