Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le plus jeune, avant de s’aller coucher, revint porter la tête de mort au cimetière, et il lui dit en lui tournant le dos :

— Viens donc chez moi, tête de mort ; viens-t’en demain souper. —

Alors il prit le chemin de sa maison pour se reposer ; il se mit au lit et dormit toute la nuit ; le lendemain matin en se levant, il s’en alla travailler, sans plus songer ni à la veille ni à la fête.

Il saisit sa fourche, et s’en alla travailler, en chantant à tue-tête, en chantant sans souci.

Or, comme tout le monde soupait, vers l’heure où la nuit s’ouvre, on entendit quelqu’un qui frappait à la porte.

Le valet se leva aussitôt pour ouvrir ; il fut si épouvanté, qu’il tomba à la renverse.

Deux autres personnes s’élancèrent à l’instant pour le relever ; elles furent si troublées, qu’elles moururent subitement.

Le mort s’avançait lentement jusqu’au milieu de la maison :

— Me voici venu souper, souper avec toi. Allons donc, cher ami, ce n’est pas loin d’ici ; allons nous asseoir ensemble à ma table, elle est dressée dans ma tombe. —

Hélas ! il n’avait pas fini de parler, que le jeune homme éperdu jetait un cri épouvantable ; il n’avait pas achevé, que la tête du malheureux frappait violemment la terre et s’y brisait.


________