Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 2.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.

NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


La famille des Bodinio s’est fondue dans celle des Penfentenio, ou Cheffontaines, comme s’appelle la branche qui a francisé son nom. Elle était ancienne et distinguée ; les Penfentenio ne le sont pas moins : ils ont donné un général à l’ordre de Saint-François, un archevêque à Césarée, et a l’Eglise un cardinal, auquel les papes ont fait élever un monument à Saint-Pierre de Rome. Iann ou Jean, dont parle la ballade, et qu’elle dit page de Louis XI, est porté au nombre des nobles d’ancienne extraction dans les diverses réformations de la noblesse de Bretagne. Le fait de l’irruption des Bretons en Normandie, sous Louis XI, quelles qu’en aient été la cause et la portée, est un événement réel.

« La ville d’Evreux, dit Jean de Troyes, leur fut livrée et baillée le 9 octobre de l’an 1465 ; et, le 6 octobre, advint que on advertit le roy qu’il y avoit entreprise faicte sur sa personne par aucun de ses ennemis de le prendre ou tuer dedans la dicte ville. En l’an 1467, grand nombre de Bretons se vinrent bouter dedans le chastel de Caen ; puis allèrent d’icelle à Bayeux, et tinrent les dictes villes contre le roy, dont de ce il fut courroucé. En l’an 1468 prinrent le seigneur de Merville, séant entre Saint-Sauveur de Dive et Caen, et lui firent rendre et mettre en leurs mains sa dicte place, et incontinent qu’ils furent dedans, tuèrent et meurtrirent tout ce qu’ils y trouvèrent, et puis pendirent le dict seigneur de Merville, et pillèrent et puis ils mirent le feu en la dicte place[1]. »

Les lettres du messager qui arriva du pays des Normands, selon le poëte breton, contenaient sans doute le récit d’une de ces trois expéditions : la ballade doit donc remonter aux années 1465, 67 ou 68.


  1. Chroniques du roy Louis XI, p. 85, 86, 123, 138.