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L’ENFER.


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ARGUMENT.


Pour trouver la société chrétienne telle qu’elle était jadis, une réunion d’hommes à natures primitives, à organisation puissante, à imagination dévorante ; pour trouver un prêtre que la foule comprenne, qu’elle aime, et qui soit de force a lutter corps à corps avec elle et à la terrasser, il n’est pas nécessaire de remonter le cours du temps et d’aller jusqu’au moyen âge : on n’a qu’à venir en Bretagne. Les cantiques qu’y chante le peuple sont en harmonie avec ses mœurs, ses mâles croyances et les doctrines qu’on lui prêche : il a un secret penchant pour les sujets qui traitent des vérités les plus effrayantes de la religion, comme s’il avait gardé l’esprit dont les druides remplissaient ses ancêtres au fond de la forêt sacrée ; le cantique de l’enfer, le plus ancien et le plus populaire de tous ceux que nous possédons, me parait en être une preuve. On l’attribue tantôt au père Morin, qui vivait au quinzième siècle, tantôt au père Maunoir, qui vivait au dix-septième ; toutefois il ne se retrouve pas dans la collection imprimée des cantiques de ce dernier, mais dans un recueil plus ancien où il diffère beaucoup de la version orale que nous publions : la langue en est moins pure, l’allure moins franche, l’ensemble moins empreint de rudesse primitive. J’ai donc cru devoir suivre la version populaire.