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LA FÊTE DES MORTS.


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ARGUMENT.


C’est le mois noir (novembre) que l’Eglise a choisi pour songer aux morts et prier pour eux. Le soir de la fête de tous les saints, le cimetière est envahi par la foule, qui vient s’agenouiller tête nue sur l’herbe mouillée, près de la tombe de ses parents défunts ; remplir d’eau bénite le creux de leur pierre, ou, selon les localités, y faire des libations de lait. Cependant l’office commence et se prolonge ; les cloches ne cessent de tinter durant toute la nuit, et quelquefois, à l’issue des vêpres, le recteur, suivi de son clergé, fait processionnellement, à la lueur des flambeaux, le tour du cimetière en bénissant chaque tombe. Dans aucun ménage, cette nuit, la nappe n’est ôtée de dessus la table ni le souper desservi, car les âmes viendront en prendre leur part ; on se garde bien aussi d’éteindre le feu du foyer : elles doivent s’y chauffer comme durant leur vie.

Lorsque l’office du soir est terminé, que chacun a regagné sa demeure et quitté la table, pour l’abandonner aux morts, et qu’on se met au lit, on entend à la porte des chants lugubres mêlés au bruit du vent. Ces chants sont ceux des âmes qui empruntent la voix des pauvres de la paroisse pour demander des prières.