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Celui qui t’a connu lorsque tu n’étais pas, pourra bien te trouver où tu ne seras pas.

Nous nous reverrons alors, aussi vrai que je vais maintenant me rendre devant le tribunal de Dieu ; aussi vrai que j’en tremble !

Aussi vrai que j’en tremble, que j’en tremble ; aussi faible, aussi vaine que la feuille emportée par le vent de l’orage. —

Mais Dieu entend l’âme ; Dieu lui répond : — Courage, âme chrétienne, tu ne seras pas longtemps en peine ; —

Tu m’as servi pendant que tu étais au monde ; maintenant tu vas prendre part à mes félicités. —

L’âme alors, toujours s’élevant, jette encore un peut regard vers en bas, et voit son pauvre corps couché sur les tréteaux funèbres.


L'AME.

Bonjour, mon pauvre corps, bonjour, je détourne la tête, par grand’pitié pour toi.


LE CORPS.

Cessez, chère âme, cessez de m’adresser des paroles dorées ; poussière et corruption sont indignes de pitié.


L'AME.

Sauve la grâce, ô mon corps, tu en es vraiment digne, digne comme le vase de terre qui a renfermé des parfums.


LE CORPS.

Adieu donc, ô ma vie, adieu, puisqu’il le faut ; que Dieu vous mène aux lieux où vous souhaitez d’aller.