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Mais Dieu le veut (bénissons sa bonté) ; il veut mettre un terme à mon autorité et à votre sujétion.

Nous voilà séparés par la mort sans pitié ; et me voilà toute seule entre le ciel et la terre,

Entre le ciel et la terre, comme la petite colombe bleue qui s’envola de l’arche pour aller voir si l’orage durait encore.


LE CORPS.

Oui ; mais la petite colombe bleue revint à l’arche, et vous ne reviendrez pas vers moi.


L’AME.

Je reviendrai, vraiment, je te le jure ; je reviendrai vers toi au jour du jugement ;

Je reviendrai vers toi, aussi vrai que je vais maintenant paraître au jugement particulier. Hélas ! j’en tremble !

Aie confiance, ami ; après le vent du nord-ouest, la mer devient calme ; je viendrai te donner la main ;

Et quand même tu serais aussi lourd que du fer, lorsque j’aurai été dans le ciel, comme un aimant, je t’attirerai vers moi.


LE CORPS.

Quand je serai, chère âme, étendu dans la tombe et détruit en terre par la corruption ;

Quand je n’aurai ni doigt, ni main, ni pied, ni bras, ce sera vainement que vous essayerez de m’élever à vous.


L'AME.

Celui qui a créé le monde, sans modèle ni matière, a le pouvoir de te rendre ta première forme ;