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PREMIER LABOUREUR.


En basse Bretagne, dans les manoirs, il y avait des hommes de bien qui soutenaient le pays ;

Maintenant on y voit assis, au haut bout de !a table, l’ancien gardeur de vaches du manoir.

Au manoir, quand venait un pauvre, on ne le laissait pas longtemps à la porte ;

La bonne dame allant au grand coffre, lui versait de la farine d’avoine plein sa besace ;

Elle donnait du pain à ceux qui avaient faim et des remèdes à ceux qui étaient malades.

Pain et remèdes aujourd’hui manquent ; les pauvres s’éloignent du manoir ;

Tête basse, s’éloignent les pauvres, par la peur du chien qui est à la porte ;

Par la peur du chien qui s’élance sur les paysans comme sur leurs mères.


SECOND LABOUREUR.


L’année où ma mère devint veuve, fut pour ma mère une mauvaise année.

Elle avait neuf petits enfants, et n’avait pas de pain à leur donner.

— Celui qui a pourra donner ; je vais le trouver, dit-elle ;

Je vais trouver l’étranger : que Dieu le garde en bonne santé !