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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Le beau chant qu’on vient de lire, par un hasard extraordinaire, ne dit pas un mot de Georges, et ne consacre que deux strophes à la mort de Tinténiac. Cependant la victoire des blancs était l’œuvre du premier, qui, ayant fait porter rapidement une colonne sur les derrières de l’armée républicaine, y jeta le désordre et la mit en fuite[1]. D’un autre côté, les détails de la mort de Tinténiac, frappé d’une balle à la poitrine, au moment où il s’élançait sur un bleu qui le couchait en joue[2], étaient poétiques, importants, de nature a inspirer le poète populaire, et il semble étonnant qu’il les ait oubliés. Julien Cadoudal, le héros de la pièce, l’est, au reste, lui-même en cette circonstance ; car, si l'auteur nous le montre pleurant sur le corps de son général, il ne nous apprend point qu’il l’a défendu au péril de sa vie, et qu’il a vengé sa mort[3]. Ces anomalies nous portent à croire que notre chant est incomplet. Il passe, près des uns, pour l’œuvre d’un jeune meunier de la paroisse de Ploémeur, qui servait dans les rangs des blancs, et périt dans un des combats qui suivirent celui de Coatlogon ; prés des autres, pour avoir été composé par l’auteur du chant précédent sur les Bleus. En ce dernier cas, il aurait changé de dialecte. Il est aussi populaire en Vannes qu’en Cornouaille ; je l’ai entendu chanter dans les deux évêchés.

  1. Notice sur Georges Cadoudal, p. 24.
  2. Ibid.
  3. Ibid., p. 25.