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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


On attribue généralement cette pièce à un jeune montagnard appelé Guillou Arvern, de Kervlézek, près Gourin, que la persécution força de renoncer à l’état ecclésiastique, et jeta dans les rangs des défenseurs armés de la liberté religieuse et nationale. Il est l’auteur des meilleurs chants qu’on ait faits pour soutenir le courage de son parti, et ses vers, qu’il chantait lui-même en allant se battre, sont dignes des vieux bardes guerriers de Bretagne, dont il était l’imitateur et le représentant moderne.

Lorsque les blancs campaient, il charmait la veillée militaire par ses récits, ou menait leurs danses autour du feu du bivac : la facilité avec laquelle il improvisait était prodigieuse : « il paria une fois, me disait un ancien chouan, qu’il eût chanté une chanson à danser de sa façon, dont le premier couplet devait commencer au lever de la lune et le dernier finir au chant du coq ; « tous les danseurs étaient rendus qu’il dansait encore : la vertu du chant était en lui ; sa haute taille, sa force extraordinaire, ses longs cheveux noirs qui s’échappaient de dessous son chapeau quand il se battait, ses yeux qui brillaient comme deux vers luisants, le faisaient prendre par les bleus pour.... ce qu'il n’était pas, sûrement, car c’était lui qui nous disait tous les jours la prière du soir. Cependant il était, je crois, un peu sorcier, mais pas trop, car si le roi est revenu, ainsi qu’il l'a prédit, tous les cœurs des Bretons ne sont pas rouverts. »

Nous trouverons plus tard un poète populaire sous l’impression du même sentiment de désenchantement.