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Encore si nos yeux pouvaient verser des larmes en toute liberté ! mais quand il voit couler les larmes, l’homme des villes fait couler le sang.

Encore si nous pouvions trouver une croix où nous mettre sur nos deux genoux, pour demander à Dieu la force qui nous manque !

Mais votre croix sainte, ô mon Dieu ! a été abattue partout, et la croix de la bascule[1] a été dressée à sa place.

Chaque jour on voit vos prêtres, comme vous sur le Calvaire, comme vous incliner la tête en pardonnant à la terre.

Ceux d’entre eux qui ont pu s’enfuir, se cachent dans les bois ; là, ils disent la messe, la nuit, parmi les rochers ; en bateau, parfois, sur mer.

D’autres, traversant l’Océan, se sont expatriés sans ressources, aimant mieux servir Dieu que l’homme ;

Aimant mieux manger tranquillement du pain d’avoine en pays étranger, que de manger du pain de froment, le pain du démon, avec des remords.

Dans leurs maisons, les jureurs vivent du bien des pauvres gens ; après avoir vendu Dieu, comme Judas, pour de l’or.

Quiconque ne veut pas aller trouver le jureur, est sûr de perdre la vie, qu’il soit noble ou paysan.

Nobles et hommes d’église, hommes des champs, au front haut, tous les Bretons sont persécutés parce qu’ils sont chrétiens.

Tu peux maintenant, proie de l’enfer, livrer ton cœur à la joie, quand tu as fait pleurer nos anges dans le ciel.

  1. La guillotine.