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II.


Au coin de la table, à Kerli, pleurait Loëiz Rozaoulet : — Seigneur Dieu ! venez à mon aide ! qu’ai-je fait ? Seigneur Dieu ! venez à mon aide ! qu’ai-je fait ? J’espérais être de bonne heure à la maison, et me voilà tard !

— Taisez-vous, Loéizik, laisez-vous ; ne pleurez pas ; nous sommes trois hommes avec vous ; il ne vous arrivera aucun mal. — Loéizik Rozaoulet pleurait au coin de la table, bien triste : — Seigneur Dieu, mon Jésus ! qu’ai-je fait ?

Et en s’en revenant ils trouvèrent, près de la croix du chemin, Marianna, qui courait à perdre haleine ; elle s’était égarée, et était restée seule loin derrière ceux qui raccompagnaient. — Arrêtez, chère petite, ne courez pas si fort. —

Auprès de la croix de Penfel. ils trouvèrent Marianna de Langonet, qui aimait Loéizik, et qui en était aimée ; ils avaient été couchés tout enfants dans le même berceau, et s’étaient bien souvent trouvés en face l’un de l’autre, à table.

La jeune fille, en les voyant, trembla de tous ses membres, et s’élança en criant vers la croix, qu’elle embrassait étroitement de ses deux pauvres petits bras. — Mon pauvre Loéizik, à mon secours ! hélas ! je suis perdue !

— Quelle horreur ! Mes amis, ce serait un péché, un très-grand péché. Cela ne sera pas ! Laissez-la passer son chemin sans lui faire de mal ni d’outrage, ou le seigneur Dieu vous punira.

— Qui diable te pique, petit champion des jeunes filles ? — El eux de le saisir par l’habit, et elle de s’enfuir, et eux de la poursuivre comme trois loups affamés. — C’est ici, cher ami. ici que tu mourras !