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XIII


L’ORPHELINE DE LANNION.


( Dialecte de Tréguier. )


En cette année mil six cent quatre-vingt-treize, est arrivé un malheur dans la petite ville de Lannion ;

Dans la petite ville de Lannion, en une hôtellerie, à Perinaïk Mignon qui y était servante.

— Donnez-nous à souper, hôtesse : tripes fraîches, viande rôtie, et bon vin à boire ! —

Quand chacun d’eux eut bu et mangé tout son soûl :
— Voici de l’argent, hôtesse, comptez, blancs et deniers ;

Voici de l’argent, hôtesse ; votre servante et une lanterne pour nous reconduire chez nous ! —

Quand ils furent un peu loin sur le grand chemin, ils se mirent à parler bas, en regardant la jeune fille.

— Belle enfant, vos dents, votre front et vos joues sont blancs comme l’écume des flots, sur la rive.

— Maltôtiers, je vous prie, laissez-moi comme je suis ; laissez-moi comme Dieu m’a faite ;

Quand je serais cent fois plus belle ; oui-da ! cent fois plus belle encore ; je ne serais pas pour vous, messieurs, je ne serais ni mieux ni pire.