Page:Barzaz Breiz 4e edition 1846 vol 1.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Voulant mettre le lecteur à même de voir comment le poète français a paraphrasé l’œuvre du poëte breton, nous citerons presque en entier la pièce de Marie de France. Seulement, on nous permettra d’en rajeunir quelques mots pour la rendre plus intelligible; l’original ayant été publié par Roquefort[1], il sera facile d’y recourir.

Une aventure vous dirai
Dont les Bretons firent un lai ;
Eostik a nom, ce m’est avis,
Si (ainsi) l’appellent en leur pays.
Ce est rossignol en français,
Et nightingale eu droit anglais.

A Saint-Malo, en la contrée,
Est une ville renommée ;
Deux chevaliers illec (là) manaient (demeuraient),
Et deux forez (voisines) maisons avaient.
L’un avait femme épousée,
Sage, courtoise, moult acemée (spirituelle),
Li autre fut un bachelier[2].
Bien ert (était) connu entre ses pairs.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
La femme à son voisin aima,
Tant la requit, tant la pria.
Et tant parut en lui grand bien,
Qu’elle l’aima sur toute rien (par-dessus tout).
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Longuement se sont entr’aimés.
Tant que ce vint à un été.
Que bois et prés sont reverdis.
Et que les vergers sont fleuris,
Et qu’oiselets par grand’ douceur
Mènent leur joie parmi les fleurs.

  1. Poésies de Marie de France, t. 1, p. 314.
  2. Chevaliers pauvres, aussi nommés bas chevaliers.