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avec choix, lui dérober quelques perles. » On jugeait ainsi la poésie bretonne du temps où vivait Mac-Pherson. L’accueil fait au prétendu fumier d’Ennius, quand je le produisis au grand jour, prouva que l’opinion avait changé. Toutefois, et je ne me le dissimule pas, les perles qu’il contient auraient moins frappé les regards, sans l’intervention bienveillante des écrivains les plus propres à fixer sur elles l’attention publique.

Bien avant la publication de ce recueil, le Comité historique de la langue et de la littérature françaises, sur les conclusions de M. Fauriel, l’éditeur à jamais regrettable des Chants populaires grecs, jugeait ceux de la Bretagne « de nature à intéresser non seulement la France, mais l’Europe, » et les trouvait « dignes de figurer parmi les documents pour servir à l’histoire de France. » Cette décision flatteuse n’était pas encore exécutée, que M. Augustin Thierry, dont le cœur est aussi prompt que le génie, faisait aux poésies bretonnes l’honneur de les citer dans ses admirables récits de la conquête de l’Angleterre. À l’exemple de MM. Fauriel et Augustin Thierry, la presse française et la presse étrangère, pleines d’un dévouement étonné, annoncèrent le recueil aussitôt son apparition : l’autorité d’un critique français hors de ligne, M. Magnin, dans le Journal des Savants ; celle de deux critiques étrangers de mérite, M. Milmann, dans le Quarterly Review, M. Keller, dans la Gazette d’Augsbourg, contribuèrent puissamment à lui aplanir les voies de la publicité. Les tribunes de l’enseignement ne tardèrent pas à seconder elles-mêmes l’action protectrice de la presse. À Paris, M. Ampère, l’ingénieux et savant professeur du collège de France ; en province, M. X. Marmier, auteur de recueils charmants de traditions populaires ; à Berlin, un professeur de littérature dont