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LE VIN DES GAULOIS,


ET LA DANSE DE L’ÉPÉE.
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ARGUMENT.


On sait qu’au sixième siècle, les Bretons faisaient souvent des courses sur le territoire de leurs voisins soumis à la domination des Franks, qu’ils appelaient du nom général de Gaulois. Ces expéditions, entreprises le plus souvent par la nécessité de défendre leur indépendance, l’étaient aussi quelquefois par le désir de s’approvisionner chez l’ennemi de ce qui leur manquait en Bretagne, principalement de vins. Aussitôt que venait l’automne, dit Grégoire de Tours, ils parlaient, suivis de chariots et munis d’instruments de guerre et d’agriculture, pour la vendange armée. Les raisins étaient-ils encore sur pied, ils les cueillaient eux-mêmes ; le vin était-il fait, ils l’emportaient. S’ils étaient trop pressés ou surpris par les Franks, ils le buvaient sur place ; puis, emmenant captifs les vendangeurs, ils regagnaient joyeusement leurs bois et leurs marais. Le morceau qu’on va lire a été composé, selon l’illustre auteur des Récits mérovingiens, au retour d’une de ces expéditions. Les habitués de taverne de qui je le tiens le chantaient machinalement, pour l’air plutôt que pour les paroles, dont ils ne comprenaient pas les trois quarts. J’ai eu moi-même toutes les peines du monde à débrouiller le véritable sens au milieu d’altérations palpables, et je dois déclarer franchement que ma version et ma traduction ne sont pas toujours assurées.