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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


Les Druides, on le sait, étaient les instituteurs de la jeunesse. Ils avaient, dit César, un nombre immense de disciples[1]  ; l’enseignement qu’ils leur donnaient était oral et non écrit. Ils faisaient apprendre par cœur aux enfants une multitude de vers sur les dieux, l’immortalité de l’àme et son passage d’un corps à un autre après la mort ; les astres et leurs révolutions ; le monde, la terre et la mesure de l’un et de l’autre ; enfin toutes les choses de la nature[2]. Leurs leçons étaient traditionnelles et sous forme de dialogue[3]. Diogène Laërce complète le témoignage de César en disant qu’ils y employaient souvent l’énigme et la figure[4]. Il nous prouve en outre par une citation que leur rhythme privilégié était le tercet, ou strophe de trois vers monorimes. Le chaut armoricain offre donc, quant au fond et quant à la forme, les caractères généraux des leçons druidiques ; on y retrouve les principales données de l’enseignement païen sur la divinité, la métaphysique, la physique, la métempsycose, les systèmes terrestres et célestes ; il présente la même méthode technique : le dialogue et le tercet ; et les énigmes n’y manquent pas. Essayons de les deviner.

I. L’Unité nécessaire et indivisible que le poète enseignant identifie avec la Mort[5] pourrait être la divinité dont César rend le nom celtique par celui de Dis, dieu des ombres chez les Romains. Les Gaulois, d’après les Druides, le regardaient comme le chef de leur race, et l’appelaient leur Père[6]. C’est peut-être aussi le Destin, le Fatum, dieu suprême de la plupart des peuples de l’antiquité.

II. Les deux bœufs sont probablement ceux de Hu-Gadarn, divinité des anciens Bretons. La mythologie celtique, en partie con-

  1. Ad hos magnus adolescentium numerus disciplinae causa concurrit.
  2. Magnum numerum versuum... Multa de sideribus et eorum motu, de mundi ac terrarum magnitudine, de rerum natura, etc.
  3. Disputant, et juventuti traduunt.
  4. Proemia, p. 5, liv. C. sect. VI.
  5. En breton, Ankou ; en gallois, Angen ; en cornouaillais insulaire, Ankouin, mourir et oublier.
  6. Galli se omnes ah Dite patre prognatos praedicant, idque ab Druidibus proditum dicunt. (Lib. VI.)