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GENEVIEVE DE RUSTÉFAN.
VI

Messire Jeam Flécher est recteur, recteur maintenant au bourg de Nizon ;

Et moi, qui ai composé ce chant, je l’ai vu pleurer mainte fois ;

Mainte fois je l’ai vu pleurer près de la tombe de Geneviève.


NOTES

Les Flécher habitent toujours la paroisse de Nizon ; ce sont de bons et honnêtes paysans. Ils se souviennent d’avoir eu un prêtre dans leur famille, ce qu’atteste d’ailleurs un calice sculpté sur le linteau de la porte de leur maison, mais ils ne connaissent rien de son histoire ; ils savent seulement qu’un seigneur du pays contribua à payer son éducation cléricale. Ce seigneur, dont la femme était, selon notre ballade, marraine du jeune clerc Iannik, aura craint les suites de l’amour de sa fille pour le petit paysan, et y aura mis un terme en le faisant entrer dans les Ordre. sacrés. Quant à l’héroïne de la ballade, nous manquons de documents qui nous permettent d’indiquer précisément l’époque où elle vivait. Un grand échanson de France de sa famille et de son nom possédait, en 1420. le château des Rustéfan ; voilà tout ce que nous apprend le registre de la Reformation de la noblesse de Cornouaille. Mais Jean Flécher ne se trouvant pas porté sur la liste des recteurs de cette paroisse, dont nous avons les noms depuis l’an 1500 jusqu’à ce jour, il y a lieu de croire que les événements racontés dans la ballade se sont passés antérieure- ment. Qu’ils aient été chantés peu d’années après être arrivés, on n’en pourrait douter, puisque le poëte nous assure qu’il a vu le prêtre pleurer près du tombeau de Geneviève. Ce poëte, né en Tréguier, comme l’atteste le dialecte qu’il a suivi, habitait évidemment alors en Cornouaille, et peut-être Nizon même, où la ballade est restée des plus populaires.