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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.


NOTES

La croix rouge que fait perler le poëte sur l’épaule à chaque chevalier indique la date de la ballade, et à laquelle des guerres saintes elle se rapporte. La première est la seule où tous les croisés aient pris cette croix ; aux suivantes chacun portait la couleur de son pays, et l’on sait que le noir était celle de l’Armorique.

L’histoire nous apprend qu’Alain et les chefs bretons qui le suivirent en Palestine revinrent au bout de cinq ans ; le poëte populaire dit de sept : l’erreur vient sans doute des chanteurs, la mesure des mots cinq et sept étant la même en breton qu’en français.

Mais c’est la moindre des questions soulevées par la pièce qu’ils nous ont transmise : la question de son origine est autrement délicate. La retrouvant en Catalogne, en Provence et sur divers points de la France, M. de Puymaigre, qui en a publié une rédaction française, intitulée Germaine, n’hésite pas à croire à une imitation positive : au fait, la ressemblance est telle entre l’Épouse du Croisé, Don Guillermo, la Pourcheireto, et Germaine, qu’on ne peut l’attribuer à des rencontres fortuites ; le chant breton, ajoute-t-il, qui roule sur le même sujet, diffère par les détails du romance catalan et du romance provençal, mais tous trois ont certainement une origine commune. Sans se prononcer sur la question de priorité, entre l’œuvre néo-celtique et l’œuvre néo-latine, le prudent collecteur se borne à réclamer pour sa rédaction une ancienneté justifiée par certains détails de mœurs féodales bien connues. J’imiterai sa réserve, et n’entamerai peint une discussion qui m’entraînerait un peu loin, mais je renvoie le lecteur, pour la solution du problème, au Romancerillo catalan, de M. Milà y Fontanals (p. 119), aux Chants populaires de la Provence, de M. Damase-Artaud, aux Chants populaires du pays Messin, de M. de Puymaigre lui-même (p. 8), et enfin au recueil de M. Champfleury (p. 195).