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XIII


ALAIN-LE-RENARD
— DIALECTE DE CORNOUAILLE —




ARGUMENT


Alain, surnommé Barbe-Torte par l’histoire, et le Barbu ou le Renard par la tradition, exerça d’abord, dans les forêts de l’île de Bretagne, contre les sangliers et les ours, un courage qu’il devait faire servir plus tard à délivrer son pays de la tyrannie des hommes du Nord[1]. Ralliant autour du drapeau national les Bretons cachés dans les bois ou retranchés dans les montagnes, il surprit l’ennemi près de Dol, au milieu d’une noce, et en fit un grand carnage[2]. De Dol il s’avança vers Saint-Brieuc, où d’autres étrangers se trouvaient réunis, qui éprouvèrent le même sort. À cette nouvelle, dit un ancien historien, tous les hommes du Nord qui étaient en Bretagne s’enfuirent du pays, et les Bretons, accourant de toutes parts, reconnurent Alain pour chef (937).

Le chant de guerre qu’on va lire, et que j’ai recueilli, comme celui qui précède, dans les montagnes d’Arez de la bouche d’un vieux paysan, soldat de Georges Cadoudal, doit se rapporter à l’une des victoires d’Alain Barbe-Torte.



Le Renard barbu glapit, glapit, glapit au bois; malheur aux lapins étrangers! ses yeux sont deux lames tranchantes !

Tranchantes sont ses dents, et rapides ses pieds, et ses ongles rougis de sang ; Alain-le-Renard glapit, glapit, glapit : guerre ! guerre !


  1. Fortiter audax apros et ursos in silva. (Chronicon Briocen. D. Morice, Preuves, t I, col. 27.)
  2. Cum suis Britannis qui adhuc superstites erant... reperit turmam Normanorum nuptias celebrantem, quam ex improviso aggrediens detruncavit omnes. (Chronicon Nanneten. Ibid. I, p. 145.)