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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.


La tête tomba dans le bassin, et le poids y fut bien ainsi.

Mais voilà la ville en rumeur ! — Arrête, arrête l’assassin !

Il fuit ! il fuit ! portez des torches ; courons vite après lui !

— Portez des torches, vous ferez bien ; la nuit est noire et le chemin glacé ;

Mais je crains fort que vous n’usiez vos chaussures à me poursuivre,

Vos chaussures de cuir bleu doré ; quant à vos balances, vous ne les userez plus ;

Vous n’userez plus vos balances d’or en pesant les pierres des Bretons.

— Bataille ! —




NOTES


Ce portrait traditionnel du chef dont le génie politique sauva l’indépendance bretonne n’est pas moins fidèle, à son point de vue, que ceux de l’histoire elle-même. Aussi, Augustin Thierry n’a-t-il pas hésité à le placer dans la galerie que l’histoire contemporaine nous a conservée, et qu’il a si admirablement restaurée. Celle-ci justifie par son esprit général, sinon par aucun trait précis, l’exactitude de l’anecdote. Avant Noménoë, depuis dix ans au moins, les Bretons payaient le tribut aux Franks ; il les en délivre : voilà le fait réel. Le ton de la ballade est au diapason de l’époque. Lorsque la tête du Frank chargé de recevoir le tribut tombe dans la balance, où le poids manque, et que le poète s’écrie avec une joie féroce : « Sa tête tomba dans le bassin, et le