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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.

L’oint de Dieu, il ne l’est pas celui qui ravage la terre des Bretons.
Mais l’argent qui vient du démon se dépense pour ferrer Pol[1];
Se dépense pour ferrer le vieux Pol, et toujours il est déferré[2].
Vieil ermite, ouvrez-moi, que j’aie une pierre où m’asseoir.
— Je ne vous ouvrirai pas ma porte ; les Franks me chercheraient querelle.
Vieil ermite, ouvrez-moi la porte, ou je la jette dans la maison. —
Le vieil ermite, entendant ces paroles, sauta à bas de son lit ;
Et il alluma une petite torche de résine, et il alla ouvrir la porte.
Or, quand la porte fut ouverte, il recula épouvanté,
En voyant s’avancer un spectre tenant dans ses deux mains sa tête;
Les yeux pleins de sang et de feu, tournoyants d’une manière horrible.
— Silence ! vieux chrétien, ne vous effrayez pas; c’est le Seigneur Dieu qui l’a permis.


  1. C’est le nom qu'on donne au diable en Basse-Bretagne.
  2. C’est-à-dire : bien mal acquis ne profite pas.