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L’ENFANT SUPPOSÉ.

j’ai vu le gland et j’ai vu la gaule ; j’ai vu le chêne dans les bois de l’autre Bretagne, et n’ai jamais vu pareille chose.

— Tu as vu trop de choses, mon fils ; clic ! clac ! clic ! clac ! vieux gaillard, ah ! je te tiens !

— Ne le frappe pas, rends-le-moi ; je ne fais pas de mal à ton fils ; il est notre roi dans notre pays. —

Quand Marie s’en revint à la maison, elle vit son enfant endormi dans son berceau, bien doucement.

Et comme elle le regardait toute ravie, et comme elle allait le baiser, il ouvrit les yeux ;

Il se leva sur son séant, et lui tendant ses deux petits bras :

— Hé ! mère, j’ai dormi bien longtemps ! —




NOTES


Dans une tradition galloise analogue, la pauvre mère, trouvant aussi un nain hideux et vorace à la place de son enfant, va consulter le sorcier, et le sorcier lui dit : « Prenez des coques d’œufs, fuites semblant d’y préparer à dîner pour les moissonneurs : si le nain témoigne de l’étonnement, fouettez-le jusqu’au sang ; sa mère accourra à ses cris pour le délivrer, en vous ramenant votre enfant ; s’il n’en témoigne pas, ne lui faites aucun mal. »

La mère suit le conseil, et tandis qu’elle remplit de soupe ses coques d’œufs, elle entend le nain se parler ainsi à lui-même d’une voix cassée :

« J’ai vu le gland avant de voir le chêne ; j’ai vu l’œuf avant de voir la poule blanche : je n’ai jamais vu pareille chose[1]. »


  1. Gwelais mes kys gwelet derwen;
    Gwelais wy kyn gwelet iar wenn
    Ericed ni welais efelhenn

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