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CHANTS POPULAIRES DE LA BRETAGNE.


A l’en croire, ces choses arriveront bien avant la fin du monde ; alors la plus mauvaise terre rapportera le meilleur blé[1].

Enfin, la pièce, comme celles des anciens bardes gallois, était primitivement allitérée. Elle offre des traces trop multipliées de ce système rhythmique, pour que ce soit l’effet du hasard.

Nous avons dit que le peuple l’attribue à Gwenc’hlan ; les deux derniers vers confirmeraient cette opinion :

« Gwenc’hlan marque au commencement de ses prédictions, dit le P. Grégoire de Rostrenen, qu’il demeurait entre Roc’h-allaz et le Porz-gwenn, au diosèse de Tréguier. »

Mais s’il est l’auteur de la pièce, elle est évidemment fort altérée dans la rédaction actuelle, et très-rajeunie de langage. C’est une observation que j’aurai souvent lieu de faire. Quant à l’accent poétique, le temps ne lui a rien ôté de sa vigueur première, et l’on a dit avec raison que le dernier cri de vengeance poussé par le vieux barde aveugle est, dans sa férocité sublime, presque digne du chantre d’Ugolin.

  1. Abarz ma vezo fin ar bed ;
    Falla douar ar gwella ed.

    Cette dernière strophe et la seconde sont citées par D. le Pelletier qui les a copiées sur le manuscrit original ; les deux autres appartiennent à la tradition.